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à corps perdu

10 décembre 2007

Une nouvelle journée commence et je me demande ce

Une nouvelle journée commence et je me demande ce que je vais bien pouvoir dire de moi-même. Depuis plusieurs semaine, je suis face à ma propre histoire. A dire vrai, je crois que j'y fais face depuis au moins une année, mais je veux dire là que depuis plusieurs semaines, c'est toute ma vie que je regarde en face, pas seulement ma petite personne mais tout ce que j'y ai fait, toutes les personnes que j'y ai rencontré. Je me suis souvent cherché, sans jamais réellement me trouver. J'ai le sentiment parfois d'avoir passé du temps à chercher quelqu'un d'autre que moi-même, une image idéale de moi-même, sans erreurs et sans défauts. J'en ai fait du chemin en une année de vie et je comprends mieux aujourd'hui mes incompréhensions, mes erreurs ou  mes échecs. Je n'ai jamais su exactement, par exemple, ce que j'avais envie de faire comme métier. J'ai suivi le mouvement, la doctrine sociale : un métier noble, cela passe forcément par un boulot où tu dois prendre des décisions, diriger, faire fonctionner ton intellect, celui qu'on ne peut pas atteindre en dessous de bac +2 au minimum, point de salut en dessous de 1500€ par mois etc... L'image de le réussite passait plus ou moins inconsciemment par ces critères. A force de vouloir être ce que l'on est pas, on échoue plus ou moins partout où l'on passe. Globalement, je ne peux pas dire que ma vie professionnelle soit une réussite. J'ai échoué dans le choix de mes études,  mon entrée dans la vie active a été laborieuse, tout comme ma reconversion. J'ai fait preuve de courage pour parvenir à devenir professeur des écoles, j'aime les enfants et j'aime être en classe mais je crois qu'il me manque beaucoup trop de choses pour être ce qu'un professeur se doit d'être : excellent. Petit à petit je commence à accepté ce que je suis, à accepter mes défauts aussi bien que mes qualités, mes insuffisance, aussi bien que mes mérites. Je découvre qui je suis vraiment, encore plus en ce moment et je commence à comprendre, enfin, après 37 ans de vie ! Je commence à comprendre que si j'avais dirigé ma barque en fonction de ce que j'étais vraiment, je l'aurais menée beaucoup plus loin que je ne l'ai fait jusqu'à présent. Ce que j'ai refusé de voir en moi ressemble un peu à une ancre que j'aurais laissé traîner juste un peu en dessous de le surface, quelque chose que personne (du moins, l'ai-je pensé) ne pouvait voir mais qui a freiné mon embarcation à coup sûr ! Ce que je suis ? Je crois que je suis un rêveur, un optimiste, seul je suis plutôt créateur, chercheur et passionné. En société, je suis discret, très peu sûr de moi, trop gentil, plus exécutant que dirigeant. A dire que je ne suis pas adapté, il y a un peu de cela mais c'est plus complexe que cela encore car j'aime les rencontres, j'aime la foule, j'aime les gens. Je suis un personnage complexe en pleine découverte de lui-même. Comment en suis-je arrivé là ? Cela aussi, je commence à le comprendre !

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9 décembre 2007

Je ne mets pas de titre pour, bizarrement, parler

Je ne mets pas de titre pour, bizarrement, parler du titre de ce blog ! Je l'ai emprunté à une chanson de Grégory Lemarchal que je trouvais extraordinaire de par sa philosophie et qui, je pense, collais bien à ce que semblait être le personnage. Depuis que je sais que je suis malade et que je sens que mon état et plutôt sérieux, je me retrouve encore plus dans les paroles de cette chanson. Elles me donne du courage et tout simplement, l'envie d'y croire, envers et contre tout. C'est dingue ce qu'une simple chanson peut parfois vous apporter. Le monde serait à coup sûr beaucoup moins beau sans musique et sans chanson. Si jamais je perdais ce combat, je verrais d'un très bon oeil que l'on diffuse cette chanson le jour de mon grand départ. Les paroles ne sont pas de moi mais je les prends volontiers à mon compte comme un des messages que j'aimerais laisser.

Je n'ai pas demandé de pronostique à l'oncologue que j'ai vu, je n'en vois pas l'intérêt pour le moment. Aussi minimes que soient les chances d'en réchapper, je compte bien les saisir. Cela dit, je ne suis pas dupe. Certaines attitudes, certains regards, certains non-dits valent autant que des discours ! L'état d'avancement du cancer est déjà important ! Mais je me mets un peu de baume au coeur en me disant qu'un temps de retard, ça peut toujours se rattraper, il suffit de pédaler plus fort et de serrer les dents.

Aller, c'est l'époque des arbres de Noël, il est temps d'y aller. Avec le vent qu'il y a, je vais prendre une grande bouffée d'air frais et voir des enfants heureux. J'adore cette période !

6 décembre 2007

Gilles, 38 ans, malade du cancer

Bonjour !

Je m'appelle Gilles. J'ai 38 ans, suis marié et père de 2 garçons de 5 et 1 an. Mon métier, sans doute l'un des plus beaux mais aussi très dur métier : professeur des écoles. Je ne vais pas m'étaler davantage sur les présentations, elles se feront au fur et à mesure. Je ne sais même pas encore ce que je vais ou veux y mettre dans ce blog et dans quel but je le fais. Je ressens le besoin d'écrire, alors j'écris. Je voudrais par avance m'excuser pour les fautes qui ne manqueront de s'inscrire tout au long de ces lignes. Je ne veux pas m'interrompre pour corriger, de peur de perdre le fil de mes pensées, ni me relire, de peur qu'il me vienne l'envie de tout effacer !

J'ai appris il y a quelques semaines que j'étais atteint d'un cancer colo-rectal avec des métastases au foie. Autant dire que les nouvelles n'étaient pas bonnes. Elles ne le sont toujours pas d'ailleurs mais j'ai apprivoisé cette idée d'être atteint d'une maladie mortelle. Je l'ai fait relativement rapidement sans trop savoir comment, ni pourquoi. J'aime la vie et je n'ai pas spécialement envie de partir plus tôt que la moyenne me l'aurait laissé espérée. Je trouve cette situation ni juste, ni injuste. Je n'arrive même pas à me dire "pourquoi moi", ni "pourquoi maintenant", je serais plus facilement enclin à dire "pourquoi pas moi". Quant à l'âge, il n'est nul part écrit que je mourrais vieux. Partant de ce constat, je me dis que je suis naturellement malade, que ce n'est pas un choix de ma part, que la vie l'a décidé ainsi. Avec un peu d'aide de ma part, peut-être qu'elle décidera aussi de m'éparger une fin précoce, de repousser la mort à plus tard. Non, vraiment, ce n'est pas un choix de ma part alors je ne suis pas en colère, je n'en veux pas à cette foutue vie si imparfaite mais tellement belle ! La mort fait partie de la vie, il n'y a pas d'autre issue, c'est seulement l'heure à laquelle elle vient frapper et les conditions de sa venue qui diffèrent d'un être à l'autre. En tant que malade, je me dis que si cette mort avait finalement raison de moi dans quelques mois, ce serait certainement pour me délivrer des souffrances insupportables qui ne manqueront pas d'accompagner la maladie.

En attendant, je vais bien. Je n'ai pas de véritable douleurs même si je sais que la chimiothérapie à venir va me faire passer par une étape peu enviable. Je suis prêt à affronter cette épreuve. Comme je le disais à un proche, je me sens comme un soldat qui est sur le point de livrer bataille avec tous les risques que cela comporte. Je crains la souffrance mais cela ne me freine pas mon envie de partir au combat au plus vite. J'y vais pour sauver, ou plutôt, prolonger ma vie, retrouver ma liberté que la maladie grave a le pouvoir de vous priver en vous enfermant dans un monde tourné vers elle, la mort et vous-même. Je comprends mieux aujourd'hui, ces soldats prêts à en découdre au péril de leurs vies pour combattre un ennemi venu les priver de leur liberté de vivre et d'être heureux.

Malgré tout cela, j'ai le moral, je ne me sens pas angoissé. J'accepte la vie telle qu'elle est et je ne me prive de rien. Je ne travaille plus depuis bientôt 2 semaines et j'ai des milliers de choses à faire, j'arrive à faire des projets et j'ai le sentiment d'avoir réussi quelque part à échapper à ce huis clos à trois dont je parlais plus haut. C'est peut-être une première bataille de gagner même si je suis très conscient que je ne pourrais pas être maître de tout, que la désespérance pourrait très vite succéder à l'espoir et la volonté qui m'anime en ce moment. Je vais tâcher de rester vigilant.

Je ne sais pas si je dois donner l'adresse de ce blog à mes proches. J'ai peur que le contenu leur apparaisse comme une sorte de testament. J'ai le sentiment au fur et à mesure des messages que je reçois que mon état d'esprit à rejaillit sur mon entourage. A la différence de moi,  ces personnes que j'aime me donne l'impression d'avoir oublié que la volonté à elle seule ne suffira pas à vaincre le cancer. Je me demande si ils ont conscience que la mort ne m'épargnera peut-être pas. En tout cas, ce que j'affiche les rassure et c'est déjà en soi une petite victoire aussi ! Si mon destin basculait du mauvais côté, il serait bien assez tôt pour pleurer sur mon sort et de toute façon, voir souffrir mes proches ne m'aiderait pas à surmonter cette épreuve. Mais cela ne répond pas à ma question : dois-je tout leur dire ? Je fais inévitablement des retours sur ma vie. De cette vie, je retiens principalement des personnes, des visages et des rencontres. Mon voeu le plus cher serait de dire à chacune d'elle à quel point je l'ai aimé et pourquoi je l'ai tant aimé, avant qu'il ne soit trop tard. Et si jamais ce "trop tard" venait par bonheur beaucoup moins rapidement, alors j'aurais dit je t'aime à chaque être qui compte dans ma vie ou qui a compté. C'est con à dire :  il faut en arriver là pour comprendre qu'effectivement, cette banalité qui consiste à claironner qu'il n'y a pas plus important que de dire et vivre l'amour est donc la chose la plus vraie qui m'est jamais été donné de ressentir !

Je ne suis pas un sauvage mais je ne dit pas facilement que j'aime. Je suis ce qu'on pourrait appeler un être pudique. Je suis capable d'amour, de le dire et même d'aller très loin pour avoir l'occasion de le dire mais une fois dit, je me tais, comme si je ne pouvais pas revenir sur ma parole, que ces sentiments ne pouvaient souffrir d'aucune remise en cause. Ils étaient là comme une évidence. Pourtant, depuis quelques jours, je ressens à nouveau ce besoin de redire à mon entourage et aux personnes que j'ai aimé que oui, elles font partie de moi, qu'elles m'ont aidé à me construire et que je leur suis reconnaissant pour cela, pour les bonheurs qu'elles m'apportent ou m'ont apportées. Mais comment dire ceci sans leur faire inmanquablement croire que je me suis quelque part résigné ou fait à l'idée que je vais peut-être partir ?

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  • ma vie face à la maladie et à l'dée de mort. mes envies, mes doutes, mes espoirs. Ma famille, mes amis. Vivre la souffrance, les traitements. Le monde médical. La justice et l'injustice de la vie. accepter la mort. mes souvenirs d'avant et mes projets.
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